Cette newsletter s’insère dans Les Cahiers de la Silver économie, un cycle de contenus informatifs consacrés à la Silver éconmie. Il a démarré en mars 2022 avec la publication d’un livre blanc. Chaque newsletter mensuelle appronfondit l’un des thèmes du livre blanc.
Ce mois-ci, nous nous intéressons aux aidants familiaux.
Entre 8 et 11 millions de Français aident régulièrement un proche malade, dépendant ou handicapé.
Ces aidants dits naturels (par opposition aux aidants professionnels) sont considérés comme des maillons indispensables du réseau de soin, par des organismes comme la Haute Autorité de Santé (HAS) et la Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie (CNSA). L’aide apportée par les proches, dite informelle, est un pilier majeur du système de protection sociale, et ce dans tous les pays européens, même si elle peut y prendre des formes variables.
Les aidants sont de plus en plus nombreux à se reconnaître comme tels (47% des aidants ont conscience qu’ils le sont selon la dernière vague du baromètre April – BVA sur les aidants). L’aide est majoritairement au moins hebdomadaire et très souvent quotidienne.
Leur rôle essentiel a cependant un prix : leur santé
31 % des aidants délaissent leur propre santé ou renoncent à leurs soins pour mieux s’occuper de leur proche aidé.
Baromètre BVA APRIL 2018
Intervenant central dans la question du Bien Vieillir, le proche aidant doit être accompagné. Les solutions et services à proposer ont un scop particulièrement large allant de l’accompagnement juridique aux solutions de répits. Mais d’autres questions plus profondes peuvent-être soulevées :
Faut-il donner un statut aux aidants ?
Rémunérer le temps passé auprès de leur proche ?
Des congés indemnisés pour les salariés ?
Dans les prochaines années, le ratio aidant - aidé va diminuer fortement. Sur le seul champ des personnes âgées, il y aura trois fois plus de personnes de plus de 85 ans en 2050.
L’enjeu est de taille et porte principalement sur le rôle que les systèmes de protection sociale attribuent aux aidants, à côté des aides publiques.
Le risque est de faire reposer de manière excessive sur les aidants la prise en charge de leurs aînés. Dès lors, impossible de compter sur les aidants pour compenser une carence au niveau de l’aide professionnelle ou de l’Etat.
L’enjeu des années à venir n’est donc pas uniquement de renforcer l’aide aux aidants, mais aussi d’alléger leur charge de travail et leur mental en facilitant leur action.
Les 3 types de services les plus demandés :
Le care management : trouver la meilleure aide à domicile, demander l’APA, emménager dans une résidence services ou en EHPAD, vider ou vendre sa maison, etc.
L’aide aux obsèques : Faciliter la prise en charge d’un défunt en évitant aux proches d’avoir à gérer eux-mêmes ces actions, à un moment de leur existence où ils ont la tête ailleurs.
Des outil de gestion financière : Permettre, grâce à l’utilisation de cartes prépayées et de comptes contrôlés, de confier une carte de crédit aux aides professionnelles ou de permettre à un proche vulnérable d’utiliser ses moyens de paiement sans risque de se faire léser.
3 questions à Pascal Leguyader
Président de “Ma Boussole Aidants” et Vice-président de la commission sociale de la Fédération Agirc-Arrco.
Ma boussole aidants est une initiative d’aide aux aidants lancée à l’automne 2019 par la Fédération Agirc-Arrco et le groupe Klésia. Au printemps 2022, le projet s’élargit en accueillant la CNSA, la Caisse des Dépôts ainsi qu’une vingtaine d’entreprises sociales à impact.
Quelles sont les ambitions de Ma Boussole pour les années à venir ?
Nos ambitions à moyen terme est de consolider et de finaliser l’ensemble des différentes offres pour les aidants sur le territoire. Ce que nous souhaitons faire, "c’est qu'au-delà du simple référencement, celui-ci intègre la notion de “qualité. La grande difficulté dans la multitude d'acteurs est de pouvoir les tester et de les référencer selon une certaine charte de déontologie ou de qualité.
C’est précisément cela que nous voulons mettre en place. C’est d’offrir un parcours pour les aidants. Vous voyez les différentes offres qui s’offrent à vous, mais vous avez une multitude de démarches à faire parce que l'offre est séquencée. L'idée, c'est d’avoir une seule porte d’entrée en ayant pré-identifié les parcours et les acteurs types.
Ensuite, la deuxième ambition, c'est d'avoir un observatoire de l'offre destiné aux politiques publiques pour qu'on ait une offre qui soit en adéquation entre les besoins des populations sur les territoires, donc le besoin des territoires et les besoins démographiques.
Comment mesurez-vous les attentes des aidants, et la réponse de Ma Boussole à leur besoin ?
Nous avons une communauté d’aidants dans laquelle il y a des professionnels et avec lesquels on a construit une solidarité. Donc ce sont des groupes que l’on va continuer de constituer et qui vont refléter “quel est le besoin des aidants ?” C'est comme ça que nous voyons si le service est toujours en adéquation ou s'il suit les parcours dont on a besoin. Ce sont des groupes de travail qui fournissent un travail plus qualitatif.
Puis sur un plan plus quantitatif, chaque internaute a un compte utilisateur, qui nous permet de mesurer les recherches effectuées, voir les intérêts de chaque utilisateur, quels sont les services non utilisés, où il peut y avoir des manques etc… Ces informations sont anonymisées conformément aux réglementations RGPD.
Qu’est ce que le partenariat avec la CNSA et la Caisse des Dépôts va apporter à Ma Boussole ?
Ce partenariat est important pour la synergie avec la puissance publique, notamment la CNSA. C’est une synergie d’accroissement de connaissances solides puisque les sites vont se répondre et avoir une plus grande portée grâce aux réseaux des puissances publiques. Je pense qu’il y a également beaucoup de choses à co-construire avec la CNSA et la Caisse des dépôts sur la question du handicap, aussi avec l’avancée en âge.
Nous souhaitons aussi développer Ma Boussole en marque grise pour les conseils régionaux et départementaux. Nous avons déjà quelques partenariats avec des conseils régionaux qui vont aider à démultiplier les accès via d’autres canaux, mais également de développer de nouvelles offres en fonction des différentes attentes qui pourront remonter par ces partenariats.
L’observatoire a pour objectif d’aider les conseils départementaux et régionaux à structurer leurs offres et leurs politiques publiques.
Zoom sur les aidants patrimoniaux
Un aidant patrimonial, c’est un proche ou un parent qui gère les finances et les papiers d'une personne âgée.
Il y aurait actuellement en France près de deux millions d’aidants patrimoniaux. Ce sont majoritairement les fils des personnes aidées, ils sont souvent cadres, ont en moyenne entre cinquante et soixante-cinq ans et ils gèrent le patrimoine et les finances de leurs proches pendant cinq ans environ.
67% des aidants patrimoniaux déclarent avoir déjà rencontré au moins une difficulté dans l’exercice de leur rôle, notamment sur des questions de gestion financière et immobilière.
Parmi les actions qui sont les plus compliquées à gérer, les aidants identifient :
La gestion d’une succession en premier lieu
La réalisation d’un inventaire du patrimoine (il s’agit d’une démarche annuelle que l’on fait dans le cadre de la déclaration d’impôts)
La fourniture d’un compte rendu annuel de gestion (c’est une démarche qui est obligatoire pour les aidants patrimoniaux qui ont été désignés par le juge).
Pour mieux accompagner leurs proches, les aidants patrimoniaux sont de plus en plus nombreux à demander un accompagnement.
12% recherchent un référent capable de les conseiller et de répondre à toutes leurs questions et 10% de l’aide et du soutien.
Afin de continuer à toujours mieux assister leurs proches, les aidants souhaitent que leur rôle aux côtés des personnes vulnérables soit mieux connu et valorisé. En effet, près de la moitié des aidants ne s’estime pas suffisamment reconnus par la société.
Pour les 800 000 Français qu’un juge des tutelles a déclaré incapables, le patrimoine est géré par un tiers appelé mandataire judiciaire. La situation de ces professionnels est très difficile, mais sans commune mesure avec celle des aidants familiaux bénévoles.
Un mandataire judiciaire a reçu une désignation officielle de la part de la justice et si sa gestion peut être mise en cause par les familles, il reste un intervenant extérieur aux familles. Ce qui fait une énorme différence en termes d’impact quand ça se passe mal.
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