Le nouveau contrat de filière Silver économie adopté en présence du ministre de l'autonomie
Le CNSE s'est tenu à la Mutualité Française, réunissant les principaux acteurs de la filière autour du ministre Paul Christophe pour valider le contrat de filière 2024-2027
La Mutualité Française accueillait ce 25 novembre le Conseil National de la Silver Économie, marquant l'adoption du nouveau contrat de filière 2024-2025, validé quelques jours plus tôt par le Conseil exécutif. Une étape déterminante pour France Silver Éco et son président Luc Broussy, qui ont réussi à fédérer un écosystème toujours plus large d'acteurs engagés dans l'adaptation de la société au vieillissement.
Un soutien ministériel affirmé
"Le modèle actuel est à bout de souffle. Il faut conjuguer nos forces", a déclaré Paul Christophe, ministre délégué chargé des Personnes âgées et de l'Autonomie, soulignant l'importance d'une approche collégiale face au défi démographique.
Une vision qui se traduit dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) 2025, avec une augmentation de 6% des crédits dédiés à l'autonomie des personnes âgées.
Le ministre a particulièrement insisté sur trois chantiers prioritaires :
La réforme du financement des EHPAD avec l'instauration d'un forfait dépendance unifié,
Le recrutement de 50 000 ETP d'ici 2030,
La nécessité d'apporter des réponses aux difficultés de recrutement qui touchent jusqu'à 85% des structures d'aide à domicile.
"La filière Silver économie représente un écosystème original, unique en son genre", a souligné Luc Broussy.
Elle réunit en effet des acteurs qui n'ont habituellement pas l'occasion de se côtoyer : services de l'État, collectivités territoriales, grands groupes comme la Caisse des dépôts et La Poste, entreprises du bâtiment, des transports, des assurances, sans oublier les start-up innovantes et le secteur médico-social.
Une gouvernance consolidée autour d'acteurs majeurs
La présence de Maëlig Le Bayon, directeur général de la Caisse Nationale de Solidarité pour l'Autonomie (CNSA), a confirmé le rôle central de l'institution. "La CNSA, en tant que gestionnaire du risque autonomie, doit intervenir le plus tardivement possible dans les droits et prestations pour permettre aux personnes de vieillir le mieux possible", a-t-il souligné, insistant sur l'importance de la territorialisation de la filière.
La Caisse des Dépôts renforce également son engagement. Sa directrice des politiques sociales, Marianne Kermoal-Berthomé, a présenté une feuille de route structurée autour de quatre axes : le financement de l'offre, l'innovation, la massification des solutions et la solvabilisation du reste à charge. Une stratégie qui s'appuie sur la création d'une direction santé et autonomie, confiée à Anaïs Callot.
De nouveaux partenaires stratégiques rejoignent la filière, élargissant son champ d'action. Business France, représenté par Lorena Cabrera, apporte son expertise pour le développement international. Future4Care, alliance d'Orange, Capgemini, Generali et Sanofi, s'engage à travers sa directrice générale Agnes de Leersnyder dans la démocratisation des usages de la santé numérique au service des seniors.
Les territoires mobilisés
La territorialisation du contrat de filière s'appuie sur un réseau d'acteurs locaux engagés. Florence Thibaudeau-Rainot, vice-présidente du département de Seine-Maritime et adjointe au maire du Havre, a présenté le concept de "territoire bienveillant" articulé autour de trois axes : l'adaptation du logement via un guichet unique, l'aménagement de l'espace public, et la lutte contre l'isolement. "Ce n'est pas qu'une question de dépendance", a-t-elle souligné, "à chaque fois que nous adaptons les politiques publiques au service de l'usager, cela participe à l'éveil citoyen de la transition démographique."
Les gérontopôles constituent un autre pilier territorial. Le professeur Cédric Annweiler, président du gérontopôle Pays de la Loire, a insisté sur l'importance de l'évaluation : "Rien de pire que d'exprimer un besoin à la place d'une personne âgée quand on ne l'est pas soi-même."
L'adaptation des logements mobilise également les fédérations professionnelles. La Fédération Française du Bâtiment, la CAPEB, l'Union Sociale pour l'Habitat, IGNES et l'Association Nationale Française des Ergothérapeutes ont présenté leurs initiatives. "1500 entreprises ont déjà reçu la formation pour accompagner les seniors dans l'adaptation de leur logement", a précisé M. Chapuis de la FFB.
Les besoins des seniors au cœur de la réflexion
Pour faire face aux critiques concernant la sous-représentation des personnes âgées dans les réflexions du secteur, une étude approfondie a été confiée au CREDOC. Selon Franck Lehuede, cette étude vise à identifier les besoins fondamentaux des personnes âgées en matière de bien-être et de prévention de la perte d'autonomie.
Cette étude livrera en 2025 une évaluation économique des budgets nécessaires structurés autour de cinq piliers :
Parcours résidentiel,
Mobilité,
Santé,
Inclusion sociale,
Aidants
Enjeux de mobilité
La mobilité est devenue un axe majeur, avec l'intégration de nouveaux partenaires comme l'Union des Transports Publics et Ferroviaires. "La mobilité, synonyme de liberté, peut devenir synonyme d'assignation à résidence", a alerté Stéphanie Lopes d'Azevedo, représentante de l'UTPF, soulignant l'urgence d'adapter les transports au vieillissement.
Place de l’innovation
L'innovation reste un levier essentiel. Marc Bourquin, de la Fédération Hospitalière de France, a plaidé pour la création d'un "centre de preuve" qui permettrait "dans le foisonnement du développement technologique, de permettre aux acteurs de se repérer et sélectionner les outils technologiques pertinents." Un appel repris par l'ensemble des fédérations médico-sociales, qui voient dans la technologie un moyen de valoriser le travail humain et d'attirer les 400 000 collaborateurs nécessaires d'ici 2030.
Une cartographie enrichie de l'écosystème entrepreneurial
L'année 2024 verra la publication du troisième opus du livre blanc analysant la cartographie de la Silver économie réalisée en partenariat avec Sweet Home et son fondateur,
.Depuis 2021, cet outil de référence éclaire les parties prenantes sur la richesse de l'offre entrepreneuriale, tout en identifiant les secteurs insuffisamment couverts. Les précédentes éditions avaient notamment alerté sur le manque de solutions en matière de transport adapté et d'outils financiers - une analyse qui trouve aujourd'hui écho dans l'élargissement de la filière à de nouveaux acteurs comme l'UTPF.
Cette nouvelle édition mettra l'accent sur les partenariats entre acteurs de la Silver Économie et mutuelles, un axe stratégique où les opportunités sont freinées par une méconnaissance réciproque des écosystèmes.
"Nous accompagnons plus de 100 start-up adhérentes, et avons soutenu plus de 2000 projets en dix ans", a souligné Romain Ganneau, directeur général de Silver Valley. "L'enjeu n'est pas de créer des licornes, mais de contribuer à un maillage territorial de PME solides." Une vision partagée par Charles Bark, fondateur de Hinounou, qui a insisté sur l'importance des reconnaissances internationales dans la stratégie de visibilité des start-up.
Un contrat de filière ambitieux
Cette journée a démontré la maturité acquise par la filière Silver Économie, désormais reconnue comme un acteur institutionnel incontournable de l'adaptation de la société au vieillissement.
Le nouveau contrat 2024-2027, structuré autour de cinq briques - structuration et organisation, compréhension et anticipation, innovation, expérimentation et massification, communication et rayonnement - témoigne d'une vision claire des enjeux.
La présence du ministre de l'Autonomie et l'implication croissante d'acteurs majeurs comme la CDC, la CNSA ou la Mutualité Française confirment le rôle central de France Silver Éco dans l'accompagnement de la transition démographique.