SPDA : Regards croisés sur la genèse des guichets départementaux de l'autonomie
Notre analyse du rapport Libault de 2021 | Témoignages de : Dominique Libault, Olivier Richefou, Stéphane Corbin | Explication sur l'utilisation du programme Ogénie dans les SPDA
Depuis le début de l’année 2024, 18 départements sont mobilisés dans un vaste projet de construction. Ils cherchent à inventer, ensemble, le futur service public départemental de l’autonomie. L’objectif, ambitieux : construire un modèle réplicable sur l’ensemble du territoire à horizon 2025. Un dispositif qui doit simplifier l’accès au droit et à l’information pour tous les citoyens qui cherchent des solutions et des réponses pour l’accompagnement et la prise en charge des personnes âgées d’une part, des personnes souffrant d’un handicap d’autre part.
La CNSA pilote la phase de préfiguration du Service Public Départemental de l’Autonomie (SPDA), une initiative majeure visant à simplifier l'accès aux droits et services pour les usagers.
Encadrés par la CNSA, pilote de cette phase de préfiguration, les 18 départements préfigurateurs sont mobilisés au sein de quatre groupes de travail nationaux et à travers des actions de terrain.
Certains départements ont déjà entamé des procédures d’organisation visant à simplifier le parcours des usagers, mais ils sont une minorité. De même, les CCAS offrent un service communal de qualité, mais ils ne sont pas implantés partout. Enfin, des acteurs privés ont aussi développé des offres, mais dont la portée n’est pas universelle.
C’est pour mettre les citoyens sur un pied d’égalité que le projet SPDA a été lancé.
D’où vient cette idée
L’idée d’un guichet unique de l’autonomie et territorial de l’autonomie a été formulée dans une lettre de mission adressée à Dominique Libault en décembre 2020 par Olivier Véran, Brigitte Bourguignon et Sophiel Cluzel. Les trois ministres demandent au haut fonctionnaire de :
Proposer une méthode de généralisation d'un point d’entrée unique pour les personnes en perte d'autonomie,
Proposer une mission de formalisation de la bonne articulation entre les dispositifs visant à coordonner les professionnels de santé (DAC) et les dispositifs d'accompagnement de la personne âgée,
Réfléchir à la création et à l'animation d'un comité "autonomie et parcours de soins".
Quelques mois plus tard, Dominique Libault rend ses conclusions (consulter le rapport). Il propose la création d'un Service Public Territorial de l'Autonomie (SPTA), une initiative destinée à adresser les déficits structurels et organisationnels du système actuel d’aide aux personnes âgées et en situation de handicap.
En voici une synthèse.
Un Système Complexe et Insuffisant
La première partie du rapport Libault dresse un constat sans appel : le système d’accompagnement à l’autonomie en France est perçu comme complexe et souvent inefficace par les citoyens. Les difficultés liées à l’autonomie ne sont généralement pas anticipées, ce qui conduit à une prise en charge en urgence et mal coordonnée. Malgré les efforts de coordination entre acteurs nationaux et locaux depuis les années 2010, le rapport souligne que ces initiatives, bien que louables, restent insuffisantes et fragiles.
Proposition de Création du SPTA
Pour remédier à ces carences, le rapport propose la mise en place du SPTA, piloté par le service rendu aux personnes vulnérables. Le fonctionnement du SPTA reposerait sur des outils rénovés, favorisant une approche participative et centrée sur les besoins spécifiques des personnes aidées.
Une approche participative et inclusive
Le rapport Libault insiste sur l’importance d’une démarche participative impliquant à la fois les personnes en situation de dépendance et l’ensemble des acteurs de l’autonomie. Cette collaboration active est vue comme essentielle pour la réussite du SPTA, en veillant à ce que chaque parcours d’autonomie soit personnalisé et efficacement soutenu.
Garantir la réussite et l’efficacité du SPTA
Pour assurer l’efficacité du SPTA, le rapport recommande l’élaboration d’un cahier des charges national axé sur le service à l’usager, l’intégration des professionnels de terrain et des acteurs institutionnels, ainsi que la mise en place de financements adaptés et suffisants. L’objectif est de rapprocher et d’adapter les modes d’accompagnement aux besoins réels des bénéficiaires et de leurs aidants.
Un déploiement anticipé et progressif
Enfin, le rapport préconise un déploiement anticipé, accompagné et progressif du SPTA. Il souligne l’importance d’une démarche de projet solide, de la mise en place d’outils de suivi et d’évaluation, et d’un déploiement encadré dans le temps pour assurer l’efficacité et la pérennité de cette réforme majeure.
Réunion de lancement
Le 22 janvier 2024, le premier groupe de travail pour le Service Public Départemental de l’Autonomie (SPDA) se réunit à la CNSA, lançant la préfiguration du SPDA avant sa généralisation en 2025.
Cette réunion a rassemblé des représentants des professionnels, des territoires, et des usagers (personnes âgées, handicapées et aidants) pour discuter des enjeux et objectifs du SPDA autour de quatre missions clés : accueil et information, instruction des droits, accompagnement vers des solutions concrètes, et actions de prévention.
En 2024, ces travaux nationaux seront complétés par des ateliers locaux, visant à finaliser le cahier des charges du SPDA pour fin de l'année, en préparation de sa mise en place à l'échelle nationale en 2025.
Le cahier des charges fixera un socle de missions et des standards de qualité, tout en laissant aux territoires la liberté d'adapter leur mise en œuvre selon leurs spécificités. Pendant ce temps, une phase de préfiguration dans 18 territoires sélectionnés permettra de tester et d'ajuster le SPDA, cherchant à équilibrer les directives nationales et les besoins locaux pour une généralisation réussie en 2025.
Six mois après ce lancement, nous avons voulu en savoir plus sur le projet et nous avons donc demandé leur avis à quatre parties prenantes.
Dominique Libault, l’initiateur de la réforme,
Stéphane Corbin, directeur général adjoint du CD de Seine-Saint-Denis,
Olivier Richefou, président du CD de la Mayenne,
L’association Groupe SOS Seniors dont le programme Ogénie sert de socle à plusieurs programmes de préfiguration de SPDA, dans les départements.
L’analyse de Dominique Libault, promoteur du dispositif SPDA
Quels sont les principaux défis auxquels les SPDA devront faire face pour atteindre leurs objectifs de simplification administrative et d’information ?
Le premier défi est vraiment de travailler ensemble. C'est en travaillant de manière coordonnée que nous pouvons simplifier les choses. On a souvent l'idée que chacun a son domaine et que tout est sous contrôle, mais ce qui importe, c'est le parcours de l'individu lui-même. Il s'agit de simplifier la vie de la personne et de son aidant dans tous les aspects sanitaires et sociaux. Il est impossible de le faire tout seul.
Le deuxième défi est d'être concret, c'est-à-dire d'avoir une approche pragmatique, de se poser les mêmes questions que les usagers se posent, ou de partir des questions des personnes. Il s'agit d'avoir des réalisations concrètes sur l'information, sur l'amélioration de l'accès aux droits, sur la capacité à traduire les droits en solutions concrètes, et sur une véritable prévention à l'échelle de la population.
Comment les usagers sont-ils aujourd'hui impliqués dans les projets de préfiguration ?
C'est une question cruciale. Le cahier des charges de la préfiguration inclut l'association des usagers, qu'ils soient en situation de handicap ou âgés, à l'élaboration et à la vie du SPDA. Nous observons déjà, sur certains territoires préfigurateurs, des réflexions et même des débuts de mise en œuvre de cette association. C'est un sujet très attendu et nécessaire, mais pas toujours facile à réaliser. C'est pourquoi nous attendons avec impatience les résultats des préfigurations afin d'en tirer les meilleures leçons pour la généralisation prévue à partir de 2025.
Quel conseil donneriez-vous aux parties prenantes, qu'il s'agisse de décideurs ou d'acteurs locaux, pour garantir que les SPDA accomplissent effectivement la mission prévue ?
L'association des usagers est, bien sûr, fondamentale, comme vous l'avez mentionné. Ensuite, il peut y avoir des enquêtes d'opinion régulières auprès des populations pour identifier les améliorations et les défaillances qu'ils observent dans les services publics.
Un cahier des charges sera également établi au niveau national, définissant les attentes en matière de service dans différents domaines. La comparaison entre les réalisations actuelles et ces attentes de service pourrait être fructueuse pour les acteurs de ce service public d'autonomie, les incitant à faire mieux.
Il est également important de tirer parti sur ce qui se fait sur d’autres territoires. Bien qu'il y ait des spécificités propres à chaque territoire, il est essentiel de ne pas figer une organisation uniforme sur tous les territoires. En effet, les attentes des personnes âgées et des personnes en situation de handicap sont souvent communes, notamment en termes d'accompagnement médico-social et d'accès aux services de droit commun.
Examiner les réalisations de chacun peut être très bénéfique pour progresser. Nous espérons donc créer une dynamique sur chaque territoire, mais aussi entre les territoires, pour aller vers ce service public de l'autonomie. Pour l'instant, nous constatons une réelle motivation de la part des acteurs sur les territoires préfigurateurs.
Actuellement, il y a 18 territoires, tous volontaires pour participer à la préfiguration. Parmi les autres, percevez-vous une motivation similaire ou des attentes sur ce sujet ?
La compréhension du concept de SPDA est logiquement inégale et hétérogène actuellement. C’est normal que cela paraisse encore flou pour certains à ce stade ! Une communication renforcée est nécessaire, tout en comptant sur les réalisations dans les préfigurations pour incarner le sujet.
Des acteurs nationaux, tels que l'association des départements de France, s'impliquent fortement et joueront un rôle de relais pour diffuser les bonnes pratiques. La CNSA aura un rôle majeur pour animer la mise en place du SPDA et animer les différents acteurs concernés
L’analyse de Stéphane Corbin, Directeur général adjoint du conseil départemental de Seine-Saint-Denis (93)
Dans le cadre de cette expérimentation du SPDA dans le département de la Seine-Saint-Denis, quels sont les principaux enjeux identifiés lors de son implantation sur ce territoire ?
Pour la Seine Saint Denis, l'enjeu du Service Public Départemental de l’Autonomie (SPDA) est crucial, compte tenu des conditions sociales et de vie parfois difficile de sa population. Le service public est une arme clé pour répondre au défi des vulnérabilités.
Nous sommes par ailleurs engagés dans la démarche de "territoire zéro non recours", et nous avons des actions proactives pour améliorer la qualité de nos services. La perte d'autonomie survient plus tôt dans notre département, nécessitant une anticipation accrue.
Le SPDA intègre une dimension préventive, ce qui est particulièrement intéressant. Nous devons accélérer nos efforts en matière de prévention de la perte d'autonomie, en s'adressant de manière plus universelle à la population. L'enjeu est donc l'accès aux droits, la qualité du service et l'élargissement de notre offre à la population, notamment celle qui aura de plus en plus besoin de soutien à l'autonomie.
Vous parlez d'insatisfaction. Avez-vous objectivement identifié cette insatisfaction pour cibler des points précis ? Comment observez-vous ce type d'attitude ?
Nous observons des souhaits d’amélioration, notamment concernant la visibilité de l’accueil, les délais de traitement et la complexité de nos services. C'est identifiable par nos indicateurs.
Concernant les personnes handicapées, nous avons recensé tous les besoins non satisfaits. Beaucoup n'ont pas trouvé de place après une orientation vers un établissement médico-social du fait d’une offre insuffisante. Cette analyse nous aide à comprendre les difficultés et à mesurer l'écart entre l'évaluation d'un besoin et sa réponse.
C'est ce décalage que nous cherchons à mieux objectiver, ce qui me semble être un point essentiel. Ainsi, dans cette phase de préfiguration, nous travaillons à la mise en place d'un comité des usagers pour recueillir de manière permanente les insatisfactions constatées.
Quelle réponse spécifique à la Seine-Saint-Denis voulez-vous apporter à ces enjeux ?
Dans le cadre de la préfiguration du SPDA, nous devons à la fois contribuer à struturer une organiation intégrée avec l’ensemble des institutions et proposer des actions immédiates pour améliorer le service aux usagers.
La notion de service public renvoie à la qualité garantie des services à l'usager. Cela nécessite une analyse et une reconsidération de tous les éléments liés à la qualité de l'information et à la satisfaction de la prestation. C'est le premier socle.
Le deuxième pilier implique que les services publics répondent aux besoins réels des citoyens. Pour cela, il faut mobiliser ces derniers autour de ces services. Nous échangeons souvent entre acteurs institutionnels, mais nous devons davantage écouter le public cible. Sans cela, nous réduisons la portée des services publics et des prestations. Il faut donc mettre les citoyens au cœur du dispositif.
Le soutien à l'autonomie est partagé entre divers acteurs, lié à l'insertion et l'emploi, initiés il y a quelques années. Nul ne peut prétendre être le seul contributeur. Les départements prétendant le contraire restreignent leur vision et la réponse aux personnes. Il est crucial que tous les acteurs se coordonnent pour une approche intégrée, que nous plaçons au cœur de notre candidature. Pour candidater, un consortium était nécessaire, et une quinzaine d'acteurs institutionnels nous ont rejoints facilement.
Auriez-vous un des exemples d'expérimentations spécifiques menées dans le département jusqu'à maintenant pour améliorer l'offre ?
Nous avons créé plus de 20 guichets intégrés pour les seniors en Seine-Saint-Denis. Ces guichets permettent d'identifier localement les acteurs de la santé et du social, favorisent la coordination entre eux grâce à l'information du public et la transmission des responsabilités. Ce système, initié il y a deux ou trois ans, se déploie progressivement et pourrait être étendu aux personnes handicapées et généralisé dans le cadre du SPDA.
Sur le secteur du handicap, nous avons une bonne collaboration entre les acteurs dans le cadre de la démarche "Réponse accompagnée pour tous", initiée par Denis Piveteau en 2017.
En première intention, nous envisageons de labelliser au titre du SPDA les lieux d’accueil de proximité et nous allons renforcer notre collaboration avec la Caisse d’Allocations Familiales (CAF) pour améliorer le traitement des prestations destinés aux personnes handicapées.
Ces deux exemples “basiques” sont des domaines dans lesquels nous pensons pouvoir progresser rapidement.
Comment se déroule la collaboration avec les autres territoires précurseurs, et quelles leçons tirez-vous les Uns des Autres?
La CNSA et les prestataires sélectionnés animent très efficacement la démarche. Un séminaire avec les 18 préfigurateurs aura lieu à Bordeaux le 28 juin. Cependant, nous pensons que nous ne serons pas prêts pour la généralisation en 2025, nous avons besoin de mieux nous connaître et comprendre les réussites territoriales.
Il est plus approprié de considérer qu’il s’agit d’un processus continu plutôt que d’un projet qui s’arrêterait après la rédaction du cahier des charges national. Comme souligné, il faut comprendre les besoins des usagers et garantir la qualité de nos services. Ce n'est pas la rédaction d’un cahier des charges, mais l'assurance de la qualité du service qui crée le service public.
Il ne faut donc pas précipiter les choses. Bien que nous ayons progressé, nous sommes loin de notre objectif. Le déploiement à l'échelle nationale n'est pas simple. Les conditions de réussite doivent être identifiées attentivement. La qualité du service, et pas seulement la capacité de celui-ci, est essentielle.
Quelle est votre vision pour la coordination nationale des SPDA une fois que l'expérimentation sera terminée et que nous passerons à un lancement national ? Quels sont, à votre avis, les éléments clés à prendre en compte pour garantir le succès de ce déploiement ?
Pour réussir au niveau national, il faut maintenir la posture actuelle de préfiguration, comme le souhaite Dominique Libault. Cela implique, sur la base du cahier des charges national, d’assurer un déploiement par département, tout en tenant compte des spécificités locales. Le rôle national est d'animer, stimuler et comparer les territoires.
La deuxième condition de réussite est de mesurer en quoi nous apportons un meilleur service et une meilleure prise en compte des besoins. C’est difficile à imaginer sans discuter de moyens supplémentaires. Un service public élargi entraîne des besoins financiers plus importants.
Par exemple, il faudra à terme revoir le périmètre et la couverture apportée par la prestation APA. Le dernier rapport du Haut Conseil de la Famille, de l'Enfance et de l'Âge souligne que la prestation actuelle ne couvre pas tous les besoins de manière satisfaisante. Cela demande une réforme et une anticipation financière des nouveaux besoins. Sans cela, nous risquons d'avoir un service public de façade. Nous devons créer un véritable service qui améliore les prestations pour ceux qui en ont le plus besoin.
L’analyse d’Olivier Richefou, Président du Conseil départemental de la Mayenne (53)
Quels sont les principaux enjeux que vous avez identifiés lors de la phase d'expérimentation du SPDA dans le département de la Mayenne ?
Les travaux pour la mise en place du SPDA en Mayenne ont clairement identifié plusieurs enjeux :
Maintenir et amplifier la qualité du partenariat avec l’ensemble des partenaires qui interviennent dans le champ de l’autonomie (Education Nationale, ARS, UNCCAS, CAF, CPAM, MSA, CARSAT)
La mobilisation de tous les acteurs de proximité qui sont au contact des usagers en perte d’autonomie (pompiers, gendarmerie, police nationale, agents des CCAS, services d’aide et de soins à domicile, soignants, gardiens d’immeubles, facteurs…)
L’échange sécurisé d’informations entre tous les partenaires pour rechercher la simplification et l’efficacité dans l’accès aux droits et dispositifs d’accompagnement.
Pouvez-vous nous parler des expérimentations spécifiques menées dans votre département et des résultats obtenus jusqu'à présent ?
Le travail à l’initiative du Conseil départemental avec les services de l’ARS, les responsables d’établissements médicaux sociaux et les maires sur les 9 EPCI en Mayenne a pour but de fixer les objectifs de rénovation et de construction d’une offre de parcours résidentiels pour les séniors. La mobilisation des acteurs est au rendez-vous. Ils ne se connaissent pas tous et échangeaient peu sur leurs missions et perspectives. La prise de conscience du vieillissement de la population rentre petit à petit dans les politiques de droit commun : Plan Local d’Habitation (PLH), action culturelle et sportive, aménagements, etc.
Comment évaluez-vous la collaboration entre les différents départements préfigurateurs et quels enseignements en tirez-vous pour la suite du projet ?
Les échanges techniques entre les différents départements préfigurateurs sont fréquents et de qualité. Ils se font à l’initiative de la CNSA tous les mois sous la forme de « café des préfigurateurs ». En parallèle les directeurs ont des échanges afin de faire part de leurs expériences et leurs approches au regard de la méthodologie mise en place par la CNSA.
Ces collaborations enrichissent considérablement la démarche de construction de ce nouveau service public.
Etant à la tête du groupe de travail « grand âge » au sein de l'Assemblée des départements de France, quelle est votre vision pour la coordination nationale des SPDA une fois le projet généralisé, et quels éléments clés devraient être pris en compte pour assurer son succès ?
La coordination est essentielle pour faire entendre la voix des départements. C’est la raison pour laquelle j’ai décidé d’instaurer un « comité des préfigurateurs SPDA » avec les 18 représentants des départements préfigurateurs ainsi que Dominique Libault et la CNSA.
Avant de parler de généralisation, il est important de rappeler que nous sommes au tout début de l'expérimentation, et le déploiement prévu pour janvier 2025 me paraît très ambitieux. Les clés du succès sont de toujours garder en tête les principes essentiels : coordonner l'existant, simplifier les démarches des usagers et améliorer le service rendu.
Zoom sur Ogénie
Qu'est-ce qu'Ogénie ?
Porté par l’association Groupe SOS Seniors, le programme Ogénie a été pensé pour lutter contre l’isolement des seniors. Il associe une ingénierie projet auprès des Conseils départementaux au déploiement d’une plateforme nationale (ogenie.fr) afin e répondre aux enjeux de prévention et prise en charge de l’isolement.
L’équipe Ogénie permet aux collectivités volontaires de déployer une stratégie locale de lutte contre l’isolement des seniors via l’animation de plusieurs chantiers :
Recensement des acteurs engagés pour le lien social sur chaque territoire
Mobilisation des acteurs préalablement identifiés afin de les inciter à recenser leurs actions sur le site ogenie.fr
Communication auprès du grand public et sensibilisation des aidants professionnels sur le sujet de la lutte contre l’isolement social
Comment le programme Ogénie est-il intégré dans les expérimentations du SPDA, notamment dans le département de l’Aveyron, et quels retours en avez-vous reçu jusqu'à présent ?
D'avril 2022 à septembre 2023, le Département de l’Aveyron a été accompagné par l’équipe Ogénie. Faisant déjà écho aux enjeux d’information des publics du SPDA ainsi que de prévention et d’aller-vers, notre accompagnement a permis de recenser l’offre locale de lien social à destination des seniors (114 structures ont recensé plus de 500 activités sur ogenie.fr). Il a également favorisé la prise en charge de situations d’isolement via un module de signalement sur ogenie.fr à l’utilisation duquel ont été sensibilisés les publics seniors, proches aidants, et aidants professionnels (services d’aide à domicile, bailleurs sociaux, professionnels de santé, etc.).
En 2024, le Département de l'Aveyron s'est engagé, comme 17 autres Départements préfigurateurs, avec l'ensemble des acteurs locaux de l'autonomie et de droit commun dans l'expérimentation du SPDA. Les équipes du département nous expliquent comment le déploiement d'Ogénie contribue à cette expérimentation et sera intégré lors de futurs groupes de travail :
« Le travail avec Ogénie a été évoqué dans le cadre de la feuille de route préfiguratrice du SPDA pour le département de l'Aveyron et sera intégré aux réflexions, de la mission "Prévention, repérage, aller-vers" notamment, ainsi que celle portant sur « l’accueil, l’information et l’orientation » du SPDA (4 missions « socle » au total).
Le travail de recensement des activités de lien social et de solutions de prise en charge des situations d'isolement par exemple pourra ainsi contribuer à l'objectif de "Favoriser le développement d'une offre de prévention recouvrant les principaux besoins sur l'ensemble du territoire". Des groupes de travail dédiés permettront de creuser l'articulation de cette initiative avec les autres missions du SPDA. »
Quelles fonctionnalités spécifiques d'Ogénie sont particulièrement utiles pour faciliter l'accès aux droits et services des personnes en perte d'autonomie ?
Afin de faciliter l’accès à l’offre de lien social pour les seniors, l’équipe Ogénie déploie une plateforme ressource, ogenie.fr, articulée autour de deux grandes fonctionnalités
Je cherche des activités : Cette fonctionnalité permet d’identifier des activités de lien social à proximité de chez soi (plus de 7 000 activités déjà recensées) ;
Je fais face à une situation d'isolement : Cette fonctionnalité permet d’entrer en contact avec un interlocuteur qualifié, un bénévole associatif ou un travailleur social par exemple, via un formulaire de contact ou via une liste de contacts.
Une boite à outils et un magazine permettent également d'informer le grand public sur les enjeux et solutions pour lutter contre l'isolement social des seniors.
Ogenie.fr favorise ainsi le lien social grâce à la mise en relation de seniors avec des structures à proximité. Cela permet également aux seniors et leurs aidants de gagner en sérénité et de se sentir acteur de leur parcours de vie. Ils savent désormais vers qui se tourner pour accéder à des aides et services de proximité. De la même manière, les aidants professionnels peuvent mieux accompagner leurs bénéficiaires seniors face à des situations de solitude ou d’isolement.
En 2023, ogenie.fr a été consultée plus de 100 000 fois, avec plus de 500 000 pages consultées.
Comment envisagez-vous l'évolution d'Ogénie pour répondre aux besoins des SPDA à l'échelle nationale d'ici 2025 ?
Le programme Ogénie répond dès à présent aux enjeux d’accès à l’information et de prévention et d’aller-vers du SPDA. Il permet de recenser et valoriser l’offre de lien social des territoires et de faciliter la détection et la prise en charge des personnes âgées isolées.
Par ailleurs, notre équipe adapte son accompagnement aux spécificités de chaque Département. Les travaux de mise en place du SPDA seront donc systématiquement pris en compte et le programme Ogénie pourra ainsi répondre aux besoins identifiés par les acteurs du territoire sur la thématique du lien social des seniors.
L'organisation des services territoriaux en SPDA sera ainsi un accélérateur de notre déploiement grâce à la coordination des acteurs qui permettra :
Une connaissance accrue du territoire et des dispositifs existants ;
Des mises en relations facilitées avec l'ensemble des acteurs agissant pour l'autonomie ;
Une transmission fluidifiée de l’information aux seniors et à leurs aidants.
Quelles sont les ambitions de l’association Groupe SOS Seniors en termes de soutien et d'innovation pour les SPDA, et comment prévoyez-vous de collaborer avec les différents acteurs impliqués ?
Avec ses 114 établissements et services, l’association Groupe SOS Seniors, dont les missions sont reconnues d’utilité publique, a à cœur de proposer des solutions à tous les seniors, quel que soit leur revenu, sur tout leur parcours de vie en établissement et à domicile.
Au regard des missions des SPDA, l’association Groupe SOS Seniors pourra être impliquée dans les groupes de travail afin de réfléchir aux solutions concrètes de proximité à apporter aux seniors, pour renforcer leur lien social mais également pour le maintien de leur autonomie. Nous pourrons alors partager notre vision de l’accompagnement des seniors comme un parcours tout au long duquel des solutions sont apportées afin d’agir face à toutes les situations limitant l’autonomie de chacun et selon ses besoins.
Notre association innove depuis plus de 10 ans en accompagnant les seniors à domicile (Ogénie, cohabitation intergénérationnelle, animation d’habitat partagé) et en établissement (Mon établissement, Mon domicile, centres de ressources territoriaux, Ehpad, Résidences autonomie etc.). Nous aurons donc à cœur de nous engager dans d’éventuels nouveaux dispositifs ou expérimentations portés par les membres du SPDA en faveur de l’autonomie des seniors.
Merci d'avoir lu ce dossier !
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