Téléassistance 2030 : Comment la France peut doubler son taux d'équipement pour devenir leader européen du bien vieillir
Les acteurs de la Silver économie unissent leurs forces pour relever le défi du maintien à domicile. Avec : Alain Monteux (Tunstall-vitaris), Olivier Bessières (Arkea On Life), Pascal Perrin (Urmet)
La filière Silver économie s'est fixé un objectif ambitieux : atteindre 20 % de taux d'équipement en téléassistance d'ici 2030 pour les personnes âgées de 75 ans et plus. C'est un défi de taille, car la France accuse aujourd'hui un retard significatif avec seulement 10 % de taux d'équipement, loin derrière le Royaume-Uni (36 %) ou l'Espagne (19 %). Cette situation est paradoxale pour un pays qui place la protection sociale au cœur de ses valeurs.
État des lieux d'un marché en mutation
Un développement en demi-teinte
En 2024, environ 12 % des personnes âgées de 75 ans et plus sont équipées d'un dispositif de téléassistance en France. Le marché connaît une croissance modeste de 2 à 3 % par an, principalement due à la stabilité démographique des personnes âgées de 78 ans et plus. Cette progression limitée s'explique notamment par une perception souvent négative du service : 87 % des proches le considèrent comme un marqueur de dépendance plutôt qu'un outil de prévention.
Des contraintes économiques persistantes
Le modèle économique du secteur est sous tension, avec des prix tirés vers le bas par les appels d'offres publics. Les opérateurs, concentrés sur ces marchés institutionnels, peinent à développer une offre attractive en B2C. Cette situation limite les capacités d'investissement dans l'innovation, pourtant cruciale pour l'avenir du secteur.
Des opportunités technologiques à saisir
L'arrivée des réseaux internet haut débit et mobiles ouvre de nouvelles perspectives. Les solutions numériques enrichies permettent désormais d'analyser les données collectées grâce à des algorithmes prédictifs, offrant un service plus personnalisé et proactif. Le coût moyen d'un abonnement, variant entre 15 € et 70 € mensuels selon le type de service, reste accessible grâce aux aides publiques, notamment le crédit d'impôt de 50 % et l'Allocation Personnalisée d'Autonomie (APA).
Les défis majeurs du secteur
Une transition technologique inévitable
Le passage d’un réseau analogique au digital nécessite une modernisation des équipements et une évolution des offres. Cette transition constitue un défi technique et financier pour les opérateurs, mais offre également l'opportunité de réinventer leurs services, les rendant plus attrayants et performants.
Le défi des ressources humaines
Le secteur est confronté à des difficultés de recrutement et de formation, cruciales pour répondre à la demande croissante. La qualité du service dépend largement des compétences des équipes, aussi bien dans les aspects techniques que dans l'accompagnement humain.
Vers une approche plus préventive
Bien que des initiatives prometteuses existent, l'approche préventive demeure sous-développée. Le secteur doit s'orienter vers des solutions proactives, capables d'anticiper les situations à risque plutôt que de simplement réagir aux incidents.
Les stratégies d'adaptation des acteurs
Face à ces enjeux, les prestataires de téléassistance développent plusieurs axes stratégiques. L'intégration des nouvelles technologies, notamment l'intelligence artificielle et l'Internet des objets, permet une surveillance plus précise et une analyse prédictive des comportements. La diversification des services s'accélère, avec l'ajout de fonctionnalités telles que la détection automatique de chutes ou les chemins lumineux pour les déplacements nocturnes.
Les partenariats avec les collectivités territoriales se multiplient et s'approfondissent, comme l'illustre l'accord entre le département de l'Orne et Tunstall Vitaris.
Ce partenariat déploie un programme complet alliant téléassistance traditionnelle et solutions innovantes. Il vise trois objectifs : sécuriser le maintien à domicile, développer une approche préventive de la perte d'autonomie et soutenir les aidants. Le département s'engage financièrement pour rendre le service plus accessible, avec une prise en charge allant jusqu'à 50 % du coût mensuel selon les ressources des bénéficiaires.
Cette initiative démontre comment la collaboration entre acteurs publics et privés peut démocratiser l'accès à la téléassistance tout en enrichissant l'offre de services.
Cette quête d'efficacité économique et sociale s'accompagne d'une optimisation constante des coûts pour assurer la viabilité du modèle sans compromettre la qualité du service. Les opérateurs s'efforcent de prouver que l'investissement dans la prévention et l'accompagnement à domicile représente une économie substantielle pour les finances publiques, en réduisant notamment les hospitalisations d'urgence et en retardant l'entrée en établissement spécialisé.
La position de Tunstall-Vitaris : le leader français mise sur l'innovation et la prévention
Tunstall-Vitaris, acteur historique et leader du marché français de la téléassistance, développe sous la direction d'Alain Monteux une vision à la fois pragmatique et ambitieuse face aux enjeux du vieillissement démographique. « Avec une population vieillissante, nous faisons face à un véritable mur de croissance », analyse Alain Monteux, qui voit dans ce défi une opportunité de repenser en profondeur l'offre de services.
Une approche centrée sur la prévention
Tunstall-Vitaris observe un changement majeur : l'évolution vers une utilisation plus préventive de la téléassistance. « De plus en plus de personnes s'abonnent avant qu'un incident grave ne survienne », note Alain Monteux. La téléassistance devient ainsi un maillon essentiel du maintien à domicile, à condition de proposer des services adaptés et évolutifs.
L'innovation technologique au service de l'humain
Pour répondre à ces nouveaux besoins, la marque mise sur l'innovation technologique. L'entreprise intègre progressivement l'intelligence artificielle et les objets connectés dans ses solutions, permettant une analyse fine des comportements et une détection précoce des signes de fragilité. Cette évolution technologique ne se fait pas au détriment de la dimension humaine du service. « Le lien humain a énormément de valeur. Il est à la fois précieux d'un point de vue commercial, mais il a également une valeur pour la santé, au sens large défini par l'OMS », insiste Alain Monteux.
Une vision pour 2030
Face au retard français en matière d'équipement, le président de Tunstall-Vitaris plaide pour une action concertée entre acteurs publics et privés. Il propose notamment la création d'un véritable service public de la téléassistance, soutenu par « une taxe nationale appelée "taxe de relevage", similaire à l'écotaxe, obligatoire pour tous les citoyens et qui garantirait un financement stable sur le long terme ». Cette proposition audacieuse s'accompagne d'une réflexion sur la nécessité d'améliorer la communication autour des services de téléassistance et de leurs bénéfices, tant pour les usagers que pour la collectivité.
Des approches complémentaires pour un même objectif
Les témoignages d'Olivier Bessières (Arkea On Life) et Pascal Perrin (Urmet France) offrent des perspectives complémentaires sur l'avenir du secteur. Leurs positionnements distincts – Arkea On Life en tant qu'opérateur de téléassistance traditionnel gérant plus de 150 000 clients via son centre d'appels, et Urmet France comme industriel proposant des solutions techniques innovantes – illustrent la diversité des approches dans ce marché en pleine évolution.
Olivier Bessières souligne : « L'évolution démographique nous pousse à maintenir l'autonomie des personnes âgées le plus longtemps possible, principalement à domicile. » Cette vision rejoint celle d'Alain Monteux sur l'importance de la prévention, tout en mettant l'accent sur « l'équilibre entre la technologie et l'accompagnement humain. »
Pascal Perrin, avec Solinnov, propose une approche technologique novatrice : « Nous installons des capteurs de mouvement et d'ouverture, sans aucune caméra, qui analysent pendant 6 à 8 semaines les habitudes de vie de la personne. » Cette solution non intrusive fait écho à la personnalisation prônée par Alain Monteux, tout en offrant une alternative aux dispositifs traditionnels de téléassistance.
Ces stratégies variées, loin d'être contradictoires, démontrent la capacité du secteur à se réinventer pour atteindre un objectif commun : améliorer l'accompagnement du vieillissement à domicile.
"Plus la solution est technologique, moins ça doit se voir”
Interview de Olivier Bessières, directeur commercial de Arkea On Life
Quel est votre parcours professionnel dans le domaine de la Silver Economy ?
Olivier Bessières : Cela fait presque 25 ans que je travaille dans le secteur de la Silver Economy. J'ai débuté ma carrière dans l'informatique, mais j'ai rapidement évolué vers les technologies destinées aux hôpitaux, maisons de retraite et EHPAD. Ma dernière expérience avant mon poste actuel était celle de directeur général de Vivago, une société finlandaise spécialisée dans les solutions de téléassistance avancée, notamment des montres connectées pour les établissements de soins.
Depuis un an et demi, je suis chez Arkea On Life, la division dédiée aux personnes âgées du groupe Arkea Crédit Mutuel. Nous gérons un parc important d'utilisateurs de téléassistance, avec 35 000 clients en propre et 150 000 clients gérés par notre centre d'appels. Notre objectif est de proposer une téléassistance évoluée, allant au-delà du concept traditionnel, en offrant des services complémentaires, une sécurité accrue et du lien social.
Comment voyez-vous l'évolution du concept d'autonomie dans notre société vieillissante ?
Olivier Bessières : L'évolution démographique nous pousse à maintenir l'autonomie des personnes âgées le plus longtemps possible, principalement à domicile. Cependant, le vieillissement entraîne inévitablement une diminution de l'autonomie, nécessitant un accompagnement. Le défi réside dans l'équilibre entre la technologie et l'accompagnement humain.
La problématique actuelle est le coût et la disponibilité de cet accompagnement humain. Bien qu'il y ait un réel besoin, des contraintes économiques et de personnel nous obligent à trouver des solutions alternatives. Il faudra innover pour proposer un accompagnement différent, en s'appuyant davantage sur la technologie pour pallier le manque de personnel.
Il est important de ne pas négliger l'autonomie décisionnelle de la personne âgée. Souvent, les équipements de téléassistance sont mis en place par les aidants familiaux plutôt que choisis par la personne elle-même. Un des objectifs est d'équiper des personnes plus jeunes, qui accepteront ces dispositifs pour d'autres raisons que la sécurité, permettant une évolution naturelle vers une assistance plus complète par la suite.
Quels sont les principaux défis et opportunités dans le développement des technologies pour l'autonomie ?
Olivier Bessières : Un des défis majeurs est de faire accepter la technologie. Mon crédo est : "Plus la solution est technologique, moins ça doit se voir." Les industriels doivent proposer des solutions très avancées technologiquement, mais simples d'usage pour éviter tout blocage de la part des utilisateurs.
La sécurité des données est également cruciale. Avec l'augmentation des échanges de données personnelles et médicales, il est essentiel de garantir leur protection, notamment face aux risques liés à l'hébergement sur des clouds étrangers.
Un aspect souvent négligé est la notion de plaisir. Contrairement à d'autres catégories d'âge, on oublie souvent cet aspect pour les personnes âgées. Les solutions de téléassistance sont généralement perçues comme des contraintes plutôt que comme des outils désirables. Il faut travailler sur cette dimension pour favoriser l'acceptation et l'envie de s'équiper.
Enfin, il est crucial de privilégier l'anticipation plutôt que le curatif. Actuellement, on propose souvent la téléassistance suite à un incident, alors qu'une approche préventive permettrait de surmonter certains freins.
Comment atteindre l'objectif d'équipement de 20% en téléassistance d'ici 2030 ?
Olivier Bessières : Au-delà du financement maintenu par l'État, qui est la solution la plus évidente, plusieurs pistes peuvent être explorées. Certains pays européens envisagent de rendre obligatoire ce type d'équipement à partir d'un certain âge. Sans aller jusque-là, il faut travailler sur le discours, en mettant l'accent sur les aspects positifs plutôt que sur la nécessité suite à un incident.
Il est important de sensibiliser aux gains financiers potentiels, comme la réduction des hospitalisations évitées ou l'allongement de la durée de vie à domicile. Le rapprochement entre la téléassistance et le médical est également une piste prometteuse. Face à la raréfaction des médecins, la téléassistance pourrait être proposée en complément de solutions de téléconsultation ou de visites médicales.
Comment Arkea On Life se positionne-t-elle pour offrir une combinaison d'assistances technologiques et humaines ?
Olivier Bessières : Nous proposons déjà de la téléconsultation médicale et allons approfondir le suivi des constantes vitales. Nous offrons également des services de conciergerie et de renseignements spécifiques pour les personnes âgées, ainsi que du Care Management pour l'entourage familial. Mais également de l’actimétrie en complément de notre solution de détection de chute afin de suivre l’évolution d’une personne en plus du déclenchement d’alertes, ceci afin de fournir des données concrètes aux aidants familiaux ou professionnels.
Une piste possible est l'utilisation d'agents conversationnels pour pallier le manque de présence physique et recréer du lien social. Bien que la technologie ne soit pas encore tout à fait au niveau attendu, cette approche semble prometteuse pour l'avenir. Les robots compagnons seront probablement une aide utile à domicile dans les prochaines années.
Quels points de vigilance souligneriez-vous pour l'avenir ?
Olivier Bessières : Il faut rester attentif à la méfiance vis-à-vis de la technologie. Plus une solution est technologique, plus cette technologie doit être masquée pour être facilement acceptée.
Il est également impératif de gérer correctement les données obtenues et de savoir les interpréter afin d’exploiter la véritable valeur ajoutée de ces offres. L’exigence de qualité et la notoriété de l’opérateur doit être une marque de confiance pour l’utilisateur au moment où de nombreuses solutions seront proposées pour le soutien à domicile de personnes âgées, qui ne respecteront pas toutes la sécurité et le traitement des données recueillies.
"Notre plus grand défi est de destigmatiser la téléassistance”
Interview de Pascal Perrin, Directeur opérationnel de la division résidentielle d'Urmet France
Avec plus de 500 collaborateurs et un chiffre d'affaires de 176 millions d'euros, Urmet France s'est imposé comme un acteur majeur du contrôle d'accès et de l'interphonie. Le groupe, qui dispose notamment d'une usine à Cholet, élargit aujourd'hui son offre vers la téléassistance à travers deux solutions complémentaires : ATE, un dispositif classique basé sur un émetteur (montre ou collier) relié à un récepteur, et Solinnov, une approche plus préventive reposant sur l'analyse des habitudes de vie. Un marché porteur où la France accuse un retard significatif avec seulement 10% de taux d'équipement, contre 32% au Royaume-Uni et 23% en Espagne.
Concrètement, comment fonctionne votre solution Solinnov et quels sont ses avantages par rapport à une téléassistance classique ?
Pascal Perrin : La particularité de Solinnov réside dans son approche humaine et non intrusive. Côté technique, nous installons des capteurs de mouvement et d'ouverture, sans aucune caméra, qui vont analyser pendant 6 à 8 semaines les habitudes de vie de la personne : ses horaires de lever, de sortie, de sieste... Le système identifie ainsi des routines de vie et génère une alerte en cas d'anomalie. L'objectif n'est pas simplement de détecter les chutes, mais d'avoir une approche globale préventive.
Par exemple, si une personne ne sort pas pendant trois jours, un opérateur l'appelle pour prendre de ses nouvelles. Cela permet souvent de détecter des situations d'isolement ou de dépression naissante. Il est important de noter que dans un souci de protection, les données personnelles ainsi récupérées sont analysées localement grâce à un module placé dans le logement. Les données sont ainsi préservées.
Côté suivi, les personnes équipées bénéficient d’un suivi à travers un service nommé “La Bienveillante Attention”. Il s’agit d’un ensemble de télésurveilleurs (les bienveilleurs) chargé de prendre contact en cas d’incident mais pas seulement. Ils appellent également régulièrement les personnes pour se présenter, prendre des nouvelles et avoir une courte interaction sociale avec elles.
Malgré ces innovations, le marché français peine à décoller. Quels sont les principaux freins ?
Pascal Perrin : Le défi majeur est la sensibilisation des donneurs d'ordres. Il faut leur faire comprendre qu’équiper un logement pour accompagner un résident coûte moins cher que deux mois en EHPAD. Nous devons aussi déstigmatiser ces solutions : on parle systématiquement de personnes âgées dépendantes, alors qu'elles peuvent être utiles dans de nombreuses situations, comme un retour de maternité ou après une intervention ambulatoire. Il est essentiel d'adopter une approche progressive, en commençant par des équipements minimaux qu'on fait évoluer selon les besoins.
Comment voyez-vous l'évolution du secteur dans les prochaines années ?
Pascal Perrin : Le marché est en pleine mutation et nous observons une convergence croissante entre les différentes solutions. Les systèmes de téléassistance traditionnels vont nécessairement évoluer au-delà du simple duo montre-récepteur. Demain, les boîtiers pourront intégrer des aspects médicaux, comme la transmission directe des constantes à l'hôpital ou au médecin traitant. C'est un secteur passionnant qui répond à une vraie problématique sociétale.
Face à ces enjeux, quel rôle attendez-vous des pouvoirs publics ?
Pascal Perrin : Il nous manque aujourd'hui un facilitateur au niveau gouvernemental pour coordonner les différents acteurs et simplifier l'accès aux financements. Les CCAS font un travail remarquable sur le terrain, souvent avec peu de moyens, mais il faut mieux structurer l'écosystème. Tous les ingrédients sont là - la technologie, le savoir-faire, les financements - mais nous avons besoin d'un meilleur accompagnement pour déployer ces solutions à grande échelle. J'ai une certaine frustration de voir qu'on peine encore à convaincre l'ensemble des acteurs, malgré l'urgence de la situation.
L'AFRATA propose une autre vision du marché
L'Association Française de Téléassistance (AFRATA), bien que rassemblant des acteurs aux modèles économiques divers, fédère 85% des opérateurs du marché, apporte un éclairage complémentaire sur les enjeux du secteur.
Dans un manifeste récent, elle détaille les mesures qu'elle estime nécessaire pour atteindre le chiffre de 2 millions de personnes connectées à la téléassistance d'ici 2030, soit 20% des plus de 75 ans.
L'AFRATA met l'accent sur l'impact sanitaire et social de la téléassistance. Les chiffres sont éloquents : sur les 7 millions d'appels traités chaque année par ses membres, seuls 2% sont transmis aux services de secours, démontrant l'efficacité du filtrage opéré. L'association souligne également que 80% des chutes gérées par la téléassistance ne conduisent pas à une hospitalisation, générant des économies substantielles pour le système de santé.
Pour atteindre ses objectifs, l'AFRATA propose huit mesures concrètes, dont l'établissement d'un socle qualité minimum, la généralisation d'une charte des bonnes pratiques, et l'intégration systématique de la téléassistance dans les plans de prévention. Des propositions qui visent à structurer le marché tout en préservant son dynamisme, notamment dans le segment B2C qui représenterait, selon l'association, 70% de l'activité.
Conclusion : Un tournant historique pour le bien-vieillir à la française ?
L'ambition de développer significativement la téléassistance d'ici 2030 marque un tournant dans l'histoire de la Silver économie française. Au-delà des objectifs chiffrés, qu'ils visent 20% ou 30% de taux d'équipement, c'est toute une vision du bien-vieillir qui se dessine à travers les stratégies des différents acteurs du secteur. La convergence entre innovation technologique et maintien du lien humain, portée par les entreprises du secteur et soutenue par leur fédération professionnelle, démontre la maturité d'un secteur prêt à relever le défi du vieillissement démographique.
L'émergence d'un possible service public de la téléassistance, soutenu par des mécanismes de financement pérennes, pourrait constituer le catalyseur nécessaire pour hisser la France au niveau de ses voisins européens. Les expérimentations réussies, qu'elles soient portées par les collectivités territoriales ou développées en B2C, tracent la voie d'une évolution positive du secteur.
Mais au-delà des aspects technologiques et financiers, c'est peut-être dans le changement de regard sur la téléassistance que réside la clé du succès. En passant d'un outil perçu comme un marqueur de dépendance à un service préventif favorisant l'autonomie, la téléassistance devient un élément central d'une politique ambitieuse du bien-vieillir. La France dispose désormais de tous les atouts pour transformer ce qui apparaissait comme un retard historique en une opportunité de réinventer le maintien à domicile des seniors.